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La précocité intellectuelle - par Jean-Charles TERRASSIER, Jean BRUNAULT, Robert PAGÈS - Psychologues

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Préambule

À propos d'un sujet qui revient très fréquemment dans les conversations et dans les questionnements : Le seuil de la précocité.
C'est un faux problème. Il n'existe pas une valeur de QI global qui ferait qu'un enfant est précoce lorsqu'il l'atteint et non précoce s'il est un point en dessous.
Plus le QI est élevé, plus le risque de voir apparaître des difficultés d'adaptation à son environnement, taillé pour des enfants au profil moyen, est grand.
Les discussions des parents comparent régulièrement les valeurs données par des associations, des psychologues... La seule question qui ait de l'importance est de savoir comment faire en sorte que l'enfant, avec ses spécificités, soit bien pris en compte, qu'il se sente bien et progresse. Il est inconséquent de chercher à établir « Mon enfant est précoce » ou le contraire sur un unique chiffre.

Ce qu'on constate :

  • Que certains profils d'enfant peuvent expliquer leur inadaptation, pour cause de précocité, à partir d'un QI global de 125
  • Que certains enfants, avec un QI de 130 seront bien adaptés à leur environnement
  • Que, dans le doute, vous avez toujours intérêt à prendre l'avis d'un psychologue bien au courant de la question (les associations peuvent vous conseiller), non pas pour savoir si votre enfant est précoce ou non, mais pour adapter vos choix à ses caractéristiques de développement.

Les divers dossiers qui sont présentés dans ces pages pourront vous aider à mieux comprendre comment ça « fonctionne ». Ne vous privez pas de les lire attentivement.
L'ANPEIP ne dit pas « à partir de 125, c'est un précoce », elle dit « autour de 125, votre enfant peut avoir des difficultés d'intégration dues à la précocité ».
L'AFEP, disant qu'à 130, l'enfant est précoce, n'exclut pas pour autant que des difficultés puissent surgir pour les mêmes raisons à partir de valeurs plus basses. La probabilité est moindre. Comme elle est plus forte au-dessus. C'est tout.

Les « seuils » même s'ils semblent donner la facilité d'une réponse simple aux parents et de faciliter aux administratifs la « classification en tiroirs », ne sont pas une réponse exacte, oui ou non, qui résoudrait toutes les difficultés ou permettraient de se reposer sur une recette simple d'éducation.

Soyez sympa avec vos enfants, ne les enfermez pas dans des tiroirs.

Introduction

Vous qui ouvrez ce dossier, ne vous arrêtez pas aux premières lignes, aux premiers mots, allez au-delà des croyances et préjugés habituels.

Découvrez une réalité souvent ignorée, édulcorée ou tronquée, par les médias : « la précocité intellectuelle ».

Réalité, qui vous interpellera et vous surprendra peut-être personnellement au-delà des idées préconçues.
En effet, beaucoup d'adultes, de professionnels de l'enfance seraient surpris d'apprendre que l'attitude déconcertante et pénible de certains enfants relèvent de cette problématique mal vécue et difficilement détectable.

Ce dossier a pour but d'informer et d'alerter tous les responsables afin que l'ignorance cesse de semer l'intolérance et de condamner la moitié de ces enfants à l'échec voire à une détresse psychologique grave.

Cette information s'adresse aussi bien aux responsables politiques, à qui cette question pose parfois un problème d'éthique, qu'aux parents et professionnels de l'enfance désemparés et impuissants devant des comportements incompréhensibles.

A - La précocité intellectuelle

« Non à l'élitisme », « Il est intelligent, il s'en sortira toujours ! », « Ils sont déjà assez gâtés par la nature », « Ce sont des enfants poussés par les parents », etc.

Ces idées fausses, perpétuées et jamais remises en question, ont la vie dure, et continuent de plonger ... 50 % de ces enfants dans la détresse. Que nous les appelions précoces, surdoués, enfants à QI élevé ... Peu importe le vocable choisi, ces enfants existent.

La précocité, parce qu'elle concerne l'intelligence, fait peur.
Les médias en ont développé la face mythique : celle du « petit génie ». Mais au-delà de cette caricature, il existe une véritable souffrance pour tous les enfants non détectés, ne correspondant pas à ce cliché médiatique. La méconnaissance de cette réalité, alliée aux préjugés tenaces, nous induit souvent en erreur en matière éducative.

1. Pourquoi faut-il s'en préoccuper ?

  • Parce que la précocité intellectuelle peut être à l'origine de troubles du comportement, ou encore les aggraver si elle n'est pas prise en considération (le suicide est 3 fois plus fréquent chez les enfants intellectuellement précoces).
  • Parce que la précocité intellectuelle implique des risques d'échec tant sur le plan scolaire, personnel que social, et qu'il importe de la déceler chez le jeune enfant pour être en mesure de prévenir plutôt que de guérir.
  • Parce que ces enfants, que « tout prédispose à réussir », se trouvent souvent en difficulté, voire en souffrance, et que notre rôle d'adultes est de les accompagner et de les soutenir.
  • Parce que ces enfants n'ont aucune autre alternative : l'éducation est obligatoire et la mission éducative de l'école est d'aider au développement de chaque enfant.
    Or, surdoué signifie trop doué, trop précoce pour s'adapter sans dommages à la norme de progression scolaire que le système éducatif a fixée.
    Cette pression scolaire normalisatrice subie, pousse l'enfant à l'inadaptation, au déni de ses possibilités et à sa marginalisation sociale.
  • Parce que des enfants qui ont subi des années de frustration deviendront des adultes plein de ressentiments qu'ils dirigeront contre la société avec plus ou moins de violence ... Et beaucoup d'intelligence !

2. Définition

Au-delà du mythe du « petit génie » : qu'est-ce qu'un enfant intellectuellement précoce (EIP) ?
C'est un enfant dont l'âge mental est en avance de plusieurs années par rapport à l'âge réel physique et affectif. On dit qu'il est EIP lorsque son QI mesuré par des tests psychométriques (WISC 3) dépasse 125.
Pour nous aider en tant qu'adultes à prêtre un autre regard sur ce sujet, voici quelques réflexions :

  • Le QI moyen de la population est basé à 100. On parle de déficience intellectuelle lorsque le QI est inférieur ou égal à .75, de précocité intellectuelle lorsque celui-ci atteint .125.
    À titre indicatif et dans l'absolu, on estime que l'enfant précoce doit fournir le même type d'effort et d'adaptation constant au sein du système scolaire actuel qu'un enfant dit « normal » (QI = 100) que l'on obligerait à suivre une scolarité dans une classe de déficients mentaux (QI = 75) !
  • Nous-même en tant qu'adulte, quel serait notre comportement dans une telle situation ? Comment s'adapterait-on ?
    Imaginez maintenant un enfant qui tente de vivre quotidiennement cette situation en ignorant totalement la cause de ses difficultés ; seules deux solutions s'offrent à lui pour exprimer son mal-être :
       
    • Soit « c'est le monde extérieur qui ne va pas » et l'enfant extériorisera ses difficultés à vivre cette situation, en adoptant des comportements alarmants (arrogance, prétention, isolement, dissipation, rêverie, ...)
    • Soit « c'est lui qui est anormal » et il intériorisera sa douleur par des comportements autodestructeurs (dépréciation ; automutilation ...)

3. Données quantitatives et inégalités sociales

Environ 5 % des enfants sont intellectuellement précoces, ce qui signifie qu'il y a en moyenne, dans chaque classe, 1 ou 2 enfants concernés. Mais c'est au sein des milieux les plus défavorisés que l'EIP souffrira le plus : Une étude nationale de l'INED, réalisée sur 100 000 élèves de 6 à 14 ans, met en évidence qu'il y a, en valeur absolue, parmi les enfants dépassant un QI de 125, autant d'enfants provenant des catégories professionnelles ouvriers - employés que d'enfants provenant des catégories cadres supérieurs - professions libérales.
Or, on ne retrouve pas ces effectifs au niveau de l'enseignement supérieur
puisque, toujours en valeur absolue, les enfants des cadres supérieurs - professions libérales s'y retrouvent deux fois plus nombreux que les enfants d'employés - ouvriers.
« Ce décalage est la conséquence de l'influence du contexte socio-économique et culturel dans lequel vit l'enfant, mais également de l'incapacité de l'école actuelle à aider au développement personnel optimal de chaque enfant, particulièrement en ce qui concerne les enfants surdoués issus de milieux sociaux défavorisés. »

[J.-C. Terrassier : « Les enfants surdoués ou la précocité embarrassante »]

Cette inégalité des chances peut s'expliquer par la non-détection de ces enfants intellectuellement précoces qui ne peuvent pas recevoir d'écoute particulière.
En effet, la précocité intellectuelle peut facilement rester méconnue tant des parents que des enseignants, non informés et figés dans l'image mythique du surdoué. Car attention : il faut savoir qu'un enfant précoce n'est pas forcément un bon élève, comme il est vrai qu'un bon élève n'est pas forcément précoce !
.... D'où les difficultés de détection.
Par ailleurs :

  • Plus la précocité est importante, plus la situation peut être délicate et l'avenir de l'enfant incertain
  • Les garçons « assument » plus difficilement leur précocité que les filles, d'où des problèmes comportementaux plus fréquents

B - Problématique des EIP

Caractéristiques communes :
Il faut être conscient que chez l'enfant précoce, seul le niveau intellectuel est en avance, les autres composantes de la personnalité suivent un développement normal, voire présentent, parfois, un léger retard.

« Pour parler de ces enfants, J.-C. Terrassier a créé le terme de « dyssynchronie », élément du vocabulaire grec de « dys » : difficulté, « syn » : avec, « chronos » : le temps. La dyssynchronie de l'enfant intellectuellement précoce ne serait autre que la difficulté pour lui, à la différence de la plupart des autres enfants, à présenter un développement homogène des différents secteurs de sa personnalité, c'est-à-dire : entre les niveaux intellectuels, affectifs, psychomoteurs et graphomoteurs. »

[Jean Brunault Conférence du 10/09/94 à Tours]

Chaque enfant intellectuellement précoce doit assurer quotidiennement ce déséquilibre entre les différents secteurs de son développement. De cette situation « inconfortable » vont découler certains types de comportements, assez fréquents pour que l'on puisse les considérer comme caractéristiques.

Par exemples :

  • L'EIP préfère des camarades plus âgés que lui mais ne peut partager toutes leurs préoccupations d'où son isolement fréquent.
  • L'EIPn'est stimulé que par des activités difficiles (il pourra faire des erreurs ou ne pas vouloir faire des choses simples), mais très sensible il ne supporte pas d'échouer ce qui peut le bloquer s'il ne se sent pas soutenu et accompagné.
  • L'EIP comprend tout très rapidement, et supporte très mal la répétition. Il veut aller de l'avant. Il souffre d'être ralenti par des impératifs scolaires ou par sa motricité qui est liée à son âge réel ; des difficultés voire des retards en écriture sont fréquents.
  • L'EIP est hypersensible : il a accès, de par son avance intellectuelle, à des informations qu'il ne peut gérer affectivement, ce qui est générateur d'angoisses. Il ne supporte pas l'injustice. Son sens de l'humour est particulièrement développé et peut être très acide.
  • La curiosité et sa mémoire sont importantes et sa concentration impressionnante quand l'enfant est motivé.
  • Non détecté, l'enfant intellectuellement précoce se sent différent des autres mais ignore totalement la source de son malaise : l'auto-dévaluation ou les problèmes comportementaux commencent dès qu'il est incompris.

L'E.I.P. confond souvent comprendre et apprendre.
S'il est « scolaire », ses facilités lui permettent de ne fournir aucun effort pendant des années. Les problèmes ou lacunes apparaissent souvent à partir du collège, voire pour certains beaucoup plus tard. N'ayant jamais appris à travailler, il se sent impuissant, dépassé et peut être dépressif à la puberté, époque déjà délicate…
(Certains suicides incompréhensibles d'étudiants dits pourtant « brillants » en grandes écoles seraient dus à ce genre de situation).
À toutes ces difficultés personnelles, s'ajoutent celles créées par l'environnement familial ou scolaire ignorant tout de la psychologie des E.I.P. :

  • Il est jugé en fonction de son adaptation sociale, compte tenu de son âge et de son apparence physique.
  • Dès qu'il y a échec ou difficulté, il est ralenti dans ses apprentissages, au lieu d'être stimulé par une accélération, une augmentation du niveau proposé ou par des approches pédagogiques différentes.
  • Il est puni pour ses comportements réactifs (perturbation, isolement, rêverie, ...).

Remarque : le redoublement n'est jamais une solution pour l'EIP

Mais au-delà de ces données de base, il n'y a pas de profil d'enfant type. À l’intérieur même de cette grande efficience intellectuelle globale, de grands écarts peuvent apparaître, variables selon les sujets :
« Ainsi pour un Q.I. de 125,certains présenteront une avance importante dans le secteur verbal et auront une efficience sensiblement moins bonne sur le plan du raisonnement. Chez d'autres enfants l'inverse sera observé.
Les conclusions à tirer sur le plan pédagogique ne seront pas les mêmes. C'est pourquoi au-delà du QI, il convient également de connaître la dispersion des résultats, si celle-ci est importante, et les activités dans lesquelles la précocité ou le retard se manifestent. »

[J.C. Terrassier]

Afin d'aider l'enfant et d'éviter de créer ou d'accentuer sa marginalisation, il revient aux adultes d'adapter leurs comportements à ses besoins de base, et au système éducatif de lui proposer des structures adaptées.

 

C - Les dangers potentiels

1. Au niveau individuel
Un enfant intellectuellement précoce qui ne trouve pas d'enseignement adapté à ses capacités s'ennuie à l'école.
Trop de facilité et un trop faible niveau ne suscitent pas son attention, n'attirent pas son intérêt, et ses capacités sont mises en somnolence.
Mais sa « vitalité intellectuelle » cherchera toujours à s'exprimer, et pourra alors induire des attitudes pénibles.
Quels sont ces comportements qui doivent nous alerter et qui peuvent
apparaître dès les premières années de maternelle ?

A. les réactions caractérielles

  • Elève perturbateur (dissipation, impertinence, humour drôle ou acide) ou élève réfractaire (opposition systématique, refus de faire).
  • Ces situations conflictuelles exacerbées finissent généralement par l'exclusion et le « nomadisme » scolaire voire, la délinquance grave.
  • Elève rêveur (manque de concentration, de motivation) qui se construit un monde où il peut s'évader et fuir l'ennui. L'élève peut être particulièrement désorganisé.
  • Elève refusant d'aller à l'école, à la limite de la socialisation, solitaire.
  • Elève qui se complique toujours la vie et fait des erreurs sur des questions simples.

B. La réaction de renonciation à ses capacités
Pour retrouver la norme et réussir coûte que coûte à ressembler aux autres, l'enfant renonce à sa différence et occulte ses capacités. C'est une sorte de suicide mental, cause de graves troubles psychologiques ultérieurs.
Remarque : le corps enseignant et les psychologues ne peuvent plus à ce stade dépister la précocité : seuls les spécialistes pourront déceler la renonciation de l'enfant et mettre en place une thérapie adaptée.

C. La réaction dépressive
Elle peut aller jusqu'à l'installation de pathologies lourdes (introversion, boulimie, anorexie, ...) voire jusqu'à la tentative de suicide.

D. La réaction de fuite en avant dans un hyper investissement intellectuel
Enfant qui va se réfugier, « se sécuriser » dans le monde du savoir (encyclopédies, ....) ; ce qui entraînera un isolement social de plus en plus fort.
La méconnaissance de ces réalités induit souvent des erreurs regrettables. Ces enfants qui ont subi des années de frustrations, deviendront des adultes plein de ressentiment.

2. Au niveau social

Un enfant non reconnu dans sa différence, déstabilisé, plus ou moins exclu du système scolaire, donc en voie de désocialisation, risque de tomber dans l'exclusion sociale. Il recherchera des dérivatifs et des compensations dans les stupéfiants, les sectes ou se vengera en utilisant ses hautes capacités dans la criminalité.
« Il est bien essentiel, dans une société désormais mondiale, (...) de reconnaître :
1. Le fait que le surdouement est à peu près aussi répandu dans toutes les couches sociales et les aires culturelles.
2. Le fait conjoint que le surdouement socialement refoulé, quand il ne trouve pas accès aux noyaux sociétaux les plus harmonieusement régulateurs pour l'ensemble social, aboutit, soit :
- À des issues individuellement dépressives et autodestructrices à tous niveaux de gravité
- À des issues socialement destructrices et perverties dans des noyaux d'activités délictueuses (organisations délinquantes et criminelles ...) (...) »

[Robert Pagès lettre du 18/02/94 au professeur Carneiro,
ancien ministre de l'Education au Portugal]

Une grande partie des élites actuelles se trouve confrontée à un consensus de société où l'on confond égalité, nivellement, uniformisation, par peur de sombrer dans l'élitisme.
C'est pourquoi, loin de toute volonté élitiste, une détection massive dès 4 ans et une prise en compte de cette spécificité permettraient d'avoir des enfants épanouis et heureux qui deviendraient des adultes équilibrés.

D. Bilan de la situation

1. Prise en charge sociale de la précocité
Nombre de problèmes seraient évités si l'on permettait à l'enfant de se développer à son rythme et non contraint par des normes d'âge légal.
La déficience est reconnue, le « surdouement », quant à lui, est socialement refoulé.
La réponse sociale actuelle se situe à 2 niveaux.

A. Réponses psychologiques

  • La psychothérapie : par méconnaissance de la précocité ou par refus idéologique de sa réalité, beaucoup de psychothérapeutes recherchent les causes du comportement de l'enfant dans les profondeurs de son psychisme ou de celui de ses parents. Si elle s'avère nécessaire lorsque d'autres troubles sont associés à la précocité, son action se limite souvent à aider l'enfant à supporter la pression scolaire normative et lui « maintenir la tête hors de l'eau ». Elle a souvent pour résultat de culpabiliser l'enfant ou les parents, qui portent alors l'entière responsabilité de l'inadapatation, sans que le système éducatif ne soit remis en cause. Cette thérapeutique inopérante amène bien souvent les parents à se tourner vers d'autres procédures :
  • La psychanalyse : longue, coûteuse, et avec de maigres résultats dans ce cas.

B. Réponses médicales

  • Les médicaments : on calme l'angoisse de l'enfant avec des médicaments qui provoquent immanquablement une baisse de ses performances intellectuelles et scolaires ; c'est un traitement masquant, destructif, et inopérant sur le fond.
  • La psychiatrie : l'association nationale pour la précocité intellectuelle a eu « connaissance d'internements d'enfants, parfois dramatiques. De telles erreurs de diagnostic stigmatisent l'enfant socialement au lieu de l'aider, et, au pire, peuvent conduire à sa destruction psychique, voire son suicide. »
« Pathologiser » la précocité est une absurdité irrecevable et dont les conséquences sont parfois des plus dramatiques.
Viendrait-il à quelqu'un l'idée de médicaliser le talent artistique ou sportif ?
Le comportement de l'enfant est sa forme d'expression. S'il devient asocial, il convient d'en comprendre les raisons. La psychologie est importante pour une meilleure connaissance du surdouement et de ses mécanismes. Elle ne doit pas tenir un rôle thérapeutique central mais s'intéresser à la détection, l'analyse et la compréhension de la précocité pour enrichir par cette connaissance et son approche les systèmes éducatifs, qu'ils soient scolaires ou familiaux.

2. Prise en charge scolaire de la précocité

Trop souvent, parents et enfants ne rencontrent dans le monde scolaire qu'incompréhension, réticences et même hostilité.
La précocité est une réalité rejetée parce qu'elle appartient au domaine de l'inconnu.
Il est évident que si l'on peut « résumer » un enfant à son Q.I., sa différence doit être acceptée et prise en compte au même titre que toute autre.
Actuellement, alors que l'on fournira à un enfant de 10 ans, qui chausse du 42, des chaussures à sa pointure, on refuser de « chausser » les E.I.P. d'une scolarité à leur juste mesure, sous prétexte qu'ils n'ont pas l'âge légal ou ne sont pas matures affectivement !
Dans certains cas, les enseignants ne manquent pourtant pas de bonne volonté. Mais le manque d'information sur le thème de la précocité intellectuelle, et à fortiori l'absence totale de formation rend leur position inconfortable.
Bien souvent les enseignants déroutés demandent aux parents des renseignements sur le sujet : bibliographie, articles de presse, etc.

 

E . Les besoins

La précocité intellectuelle doit naturellement trouver une solution dans le cadre socio-éducatif, tant au sein du milieu familial qu'au sein du milieu scolaire ou social au sens le plus large.
Pour cela des nécessités premières apparaissent :

  • L'information
  • La détection
  • La formation spécifique
    • Des professionnels de l'enfance
    • Des parents
  • Un dispositif d'urgence pour soutenir les enfants et parents en détresse
    • Prise en charge éducative
    • Soutien psychologique
  • Des dispositifs éducatifs adaptés pour tous les E.I.P.

1. L'information
Il faut sortir de l'ignorance, qui mène à l'erreur de diagnostic et donc à des solutions inappropriées.
Il y a nécessité d'une information massive tant des parents, que des enseignants, des psychologues et des médecins. Les difficultés scolaires, les problèmes comportementaux sont souvent la résultante d'une précocité intellectuelle non reconnue et, à fortiori, non prise en considération.

  • Des colloques d'information doivent avoir lieu pour pallier la méconnaissance de cette réalité, pour informer tous les professionnels de l'enfance déjà en fonction.
  • Un site Internet est nécessaire pour répondre aux questions et proposer des pistes éducatives ou pédagogiques, des adresses de spécialistes.

2. La détection

Une pré-détection par les enseignants et les médecins est possible et éminemment souhaitable dès la maternelle, car l'EIP n'ayant pas encore subi la pression normalisatrice de l'école y est plus facilement détectable.
Il faut savoir qu'ensuite, seule une petite minorité d'enfants (moins d'1/3 des E.I.P.) restera repérable. Ces sont les enfants dits « scolaires » ou/et « très bons élèves ».
C'est pourquoi une attitude préventive est nécessaire dès qu'il y a doute. Devant tout comportement intrigant, pénible ou autodestructeur, il est souhaitable de faire tester rapidement l'enfant.
Tous les professionnels de l'enfance devraient pouvoir informer les parents de l'existence de cette possibilité et leur conseiller de prendre contact avec notre association et/ou un(e) psychologue spécialisé(e).
Seuls des tests psychométriques (W.I.S.C. 3) effectués auprès de psychologues peuvent assurer d'une précocité intellectuelle. C'est en connaissance de cause que les enseignants pourront alors mettre en place une pédagogie adaptée.
Une détection précoce est une excellente prévention des difficultés futures.

3. Une formation spécifique

A. Des professionnels de l'enfance

  • L'information sur la précocité intellectuelle doit faire partie intégrante de la formation de base de tout enseignant.
  • Une formation spécifique, systématique, des enseignants de la maternelle du primaire et du secondaire doit être mise en place afin de leur permettre de faire face et d'adapter leur pédagogie.

B. Des parents
Les difficultés éducatives rencontrées par les parents sont nombreuses. Des groupes de réflexion animés par des psychologues spécialistes sont nécessaires pour éviter la solitude, les aider à assumer leur rôle parental délicat ou tout simplement pour répondre aux questions générées par la précocité intellectuelle

4. Dispositif d'urgence

  • Actuellement, nous avons connaissance d'enfants en grande difficulté et aucune solution n'existe à ce jour pour leur donner une chance de s'épanouir.
  • Au niveau éducatif : il serait fondamental surtout lorsqu'il y a déperdition des aptitudes, de proposer à l'enfant une prise en charge particulière hors du cadre scolaire afin de lui permettre une réconciliation progressive avec le système actuel.
  • Au niveau psychologique : pour les enfants en grave situation (parfois dès l'école primaire), il y a nécessité d'un accompagnement particulier. Exemples : pour l'EIP ayant porté l'étiquette d' »anormal » durant des années ; ou l 'E.I.P. ayant renié ses capacités par souci d'identification aux autres élèves.
 

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